Compte rendu du dimanche (c'est nouveau, cela vient de sortir).

Actuellement, comme je range mes bibliothèques, je retrouve des livres que je n’ai pas lus depuis une éternité. Je suis une bouquinovore, et si je n’ai rien à lire c’est l’horreur.

Je viens donc de relire « VIRUS » de Richard Preston. Ce n’est pas un livre d’aventures, c’est l’histoire du virus Ebola, l’un des plus mortels qui puisse exister, depuis son apparition en Allemagne en 1967.

Apparenté à la fièvre de Marbourg, d’origine exacte inconnue, virus mortel venu des forêts équatoriales, on en connaît actuellement trois types différents : l’Ebola Zaïre, l’Ebola Soudan et l’Ebola Reston. Famille : filovirus. Nom commun : fièvre hémorragique africaine. Je suis vachement calée, forcément, je viens de relire le livre.

L’histoire est passionnante, traumatisante parfois, quand on suit le patient n° 1 qui forcément va mourir et va donner son nom à une souche de ce virus. Les symptômes font peur, et quand le Reston arrive à Washington, ne décimant finalement que des singes, on imagine aisément ce qu’il serait advenu si ce virus avait été mortel pour l’homme également.

Mais la fin, la conclusion de l’auteur, comme la première fois que j’ai lu ce livre il y a des années, m’a laissée rêveuse, surtout actuellement où l’on parle tant de l’avenir de notre planète.

« Voici quelques noms de virus émergents : Lassa, Vallée du RIft, Oropouche, Rocio, Q, Guanarito, VEE, Dengue, Chikingunya, Machupo, Junin. Les Hantavirus, les souches de Rhabovirus comme le Mokolo et le Duvenhage, le Dantec. Le virus cérébral de la forêt de Kyasamur, le VIH que l’on peut classer dans la catégorie des virus émergents parce que sa pénétration dans l’espèce humaine s’accroît rapidement sans aucune fin prévisible. L’agent de la forêt Semliki, le Crimée-Congo, Siudbis, Marbourg, Ebola Soudan, Ebola Zaïre, Ebola Reston »

En un sens, la terre est en train de fabriquer une réponse immunitaire contre la race humaine. Elle commence à réagir à l’homme comme à un parasite, face à l’envahissement contre une marée humaine, face aux espaces morts recouverts de béton, aux déchets mortifères de l’Europe, du Japon, des USA, etc, provoqués par ces primates prolifiques dont la colonie toujours plus nombreuse menace la biosphère de chocs mortels et d’extinction par son extension même.

Peut-être que la biosphère n’aime pas la présence de sept milliards d’êtres humains. On pourrait aussi dire que l’amplification extrême de la race humaine, intervenue dans les 150 dernières années environ, a soudain produit une immense quantité de viande, partout présente dans la biosphère et pas toujours capable de se défendre contre une forme de vie qui pourrait vouloir la consommer. La nature a des façons intéressantes de rétablir son équilibre. La forêt vierge a ses propres défenses. Le système immunitaire de la terre, si l’on peut s’exprimer ainsi « constate » la présence de la race humaine et commence à l’attaquer. La terre tente au fond de se débarrasser d’une vaste infection provoquée par le parasite humain. Peut-être le sida est-il la première étape de ce processus naturel d’élimination ».

Dans les études faites sur les apparitions soudaines de virus, rétrovirus, ou autres, contre lesquels l’humain est démuni, il n’y a eu pour l’instant qu’une seule conclusion. L’homme, en abattant des forêts, en détruisant des espaces, a mis en présence des écosystèmes dont la nature n’avait pas prévu qu’ils se rencontrent un jour. Rien n’est plus dissemblable que le haut d’un arbre et le lieu de ses racines dans la forêt vierge. Quand l’arbre meurt, petit à petit la faune le quitte, sans dommage. Abattre un arbre n’est pas un acte anodin. Des êtres vivants au sommet, porteurs sains de virus vivants en eux, se retrouvent confrontés à d’autres, eux démunis contre ces virus. On suit paraît-il la trace du VIH le long d’une autoroute africaine. ON cherche toujours d’où cela vient vraiment. Si vous voulez mon avis (non ? Tant pis !) on ne saura jamais.

Les anciens étaient-ils plus sages que nous qui voyaient en la terre une déesse, une mère, capable de se fâcher, de se révolter, tout comme elle était capable d’aimer ?

Contre le réchauffement, la planète pourrait faire, elle a des moyens, comme de multiples volcans rentrant en activité en projetant trop haut, des cendres qui bloqueraient les rayons du soleil pendant un long moment. Mais la terre peut vivre réchauffée, nous peut-être pas, et sommes nous si importants que cela à ses yeux ? Ou bien avec ce réchauffement, nous prépare-t-elle une glaciation qui nous détruira aux 3/4 ?

Que nous réserve-t-elle pour sauver ses mers, ses forêts, ses savanes, les merveilles qu’elle a engendrées, ses enfants, dont nous ne sommes pas les seuls, mais les seuls à savoir détruire entièrement une espèce ? Lorsque l’on voit le gâchis que nous sommes en train de faire, au nom de quotas ou autres, avons nous le droit de demander pardon pour continuer ?

Je n’ai pas vraiment d’avis là-dessus. Ce livre m’a une fois de plus bouleversée, tout comme Pulchérie avait été bouleversée par un film (ici).

Richard Preston.
VIRUS
Pocket 4448

Edit du lundi 7 juillet : les textes en gras et italique sont de Richard Preston et non de moi…

0 réponse sur “Compte rendu du dimanche (c'est nouveau, cela vient de sortir).”

  1. Je ne sais pas quoi penser de cette théorie, si ce n’est qu’elle est à la fois terrifiante et malgré tout sensée… Le livre qui m’a le plus marqué « dans le genre » c’est le Fléau de Stephen King. Et le film : le jour d’après. C’est une daube, mais j’y pense TRES souvent !

  2. Calpurnia a écrit : « l’amplification extrême de la race humaine, intervenue dans les 150 dernières années environ, a soudain produit une immense quantité de viande ».

    Comme tu y vas ! Note bien quand même que les vers de terre constituent 80 % de la biomasse animale toutes espèces confondues, nous avec.
    Ceci étant je trouve la théorie du rejet, toutes menaces confondues, intellectuellement séduisante.
    Cette théorie au demeurant n’est pas nouvelle ;o) :

    http://home.datacomm.ch/parrat/bd/prophet1.jpg

  3. Je pense qu’en effet, la terre auto-régule les espèces animales qui occupent trop d’espace. C’est le cas de l’homme, et je me demande quand LE virus va arriver. Il y a eu la peste au Moyen Âge, la grippe espagnole dans une moindre mesure…
    Un brin de réalisme: n’est-ce pas nécessaire? N’a-t-on pas déjà trop fait de mal à la planète? Ce ne serait pas la première fois, et peut-être ça sauverait l’espèce humaine avant qu’on ne s’auto-détruise, non? Même si ça implique la mort de nombre d’entre nous, et que forcément on ne veut pas mourir, ni voir mourir ses proches.

  4. Réponses en vrac !

    shalima : « le jour d’après » m’avait rappelé un excellent livre « le 6ème hiver » de 1978, époque où l’on parlait d’un refroidissement…

    Marcus : le gras et l’italique ne sont pas de moi mais de l’auteur…

    Erwan : où l’on s’aperçoit que quand on sait soigner et prévenir certaines fléaux, d’autres apparaissent… Qu’ils soient nécessaires n’empêche pas de les trouver terrifiants…

  5. Moi qui ait une mémoire de poisson rouge légendaire, et bien je me rappelle de ce bouquin qui m’avait fortement marquée et impressionnée à l’époque !!

  6. Re réponses en vrac !

    Louisianne : c’était mon idée « compte rendu du dimanche », en ayant terminé ce livre malgré tout passionnant la veille au soir. Il ne sert à rien de se cacher la vérité et surtout, j’avais trouvé la conclusion très intéressante !

    Manou : il est vrai que les descriptions trop médicales font froid dans le dos. Mais le travail des chercheurs et de tous, est vraiment passionnant, et puis après lecture, on en sait tout de même plus sur les virus en général !

  7. Etant moi-même une livrophage, je confirme ce livre est passionnant au point que maintenant je travaille dans un labo de recherche immuno. Comme quoi la lecture mene à tout. Ce n’est pas la premiere fois que les virus ont fait des ravages (cf la rencontre entre les amerindiens et les espagnols). decimage total des populations indiennes par la variole et rappatriment de la syphilis (c’est une des theories sure cette maladie).
    Tiens en faisant une wiki pour verifier un point je suis tombé sur le monkey-pox qui fait partie de la même famille que la variole et qui est tramissible à l’homme encore un resugence de maladie.

  8. Mélusine : ce n’est pas pour rien que j’ai parlé de ce livre qui nous permet d’en comprendre beaucoup sur les virus, rétrovirus, etc, leurs moyens de réplications, etc… Après lecture, on passe sur le frisson dans le dos. Ce sont des réalités qu’il nous faut connaître.
    Et oui, il est tellement passionnant que si j’avais eu la formation nécessaire, j’aurais changé de voie…

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